Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’itinérance autochtone : causes structurelles ou effets pervers d’une réponse locale ?

 

Le phénomène de l’itinérance  ne finit pas de défrayer la chronique dans la presse canadienne et dans les quotidiens de la grande métropole de Montréal. Pour preuve, deux publications en ont été faites dans l’espace de 10 jours au mois de septembre 2014 par  le quotidien 24 h : la publication du 18 septembre, « 200 repas servis. L'itinérance autochtone prend de l'ampleur à  Montréal»(page 7) et celle du 24 septembre, «Plan d’action en itinérance 1M$ et 1000 unités de logements» (page5).

Même si ce phénomène apparait vieux comme l’humanité et parfois synonyme, d’exclusion, de marginalisation, elle devient de plus préoccupant voire  cauchemardesque pour les autorités municipales  ainsi que les organismes qui tentent d’apporter des réponses. Quelle définition donne-t-on à l’itinérance en question dans le milieu des organismes communautaires?

En se référant à cette définition suivante que donne le  Réseau d’Aide aux Personnes Seules et Itinérantes de Montréal (RAPSIM), on a tendance à dire simplement la règle de la privation plurielle : « la personne en situation d’itinérance, c’est la personne « sans » : sans logement, sans emploi, sans famille, sans revenu, sans santé, sans droits..» site (extrait du document «comprendre l’itinérance» publiée sur le site du RAPSIM, consulté le 9 octobre 2014.). En outre, à cette façon de nommer le phénomène s’ajoutent les nombreux préjugés des citoyens et l’épineux sujet de violences avec les forces l’ordre dont certains média ont traités. Quelles que soient les définitions que nous pouvons rencontrer sur ce phénomène social, il importe plutôt de se pencher  sur les causes structurelles surtout pour le cas des autochtones?

·         Croissance démographique autochtone et regard tournée vers la métropole

Dans le cas des autochtones, les vastes mouvements de population vers les grandes villes sont souvent expliqués par la précarité de leurs conditions de vie ou encore les aspirations profondes vers le mieux-être. Pour le journal du 18 septembre rapportant les propos de Maurice Bowen, responsable du centre d’Amitié autochtone de Montréal, l’augmentation du nombre d’itinérant serait en corrélation avec celle de la population des itinérante elle-même  au Québec :

La population autochtone serait d'ailleurs celle qui croît le plus au Québec. Selon M. Bowen, Il y a maintenant de 15 à 18 personnes de trois à quatre générations qui vivent dans les maisons des réserves au Nord. Beaucoup doivent arriver ici avec peu de qualifications et peu d'expérience», a expliqué M. Bowen. Il y en a aussi d'autres qui viennent à Montréal pour des raisons de santé, parce qu'il n'y pas d'hôpitaux dans les réserves du Nord. «Certains décident de rester parce qu'ils trouvent d'autres autochtones de la rue à côtoyer.», a ajouté M. Bowen». (24h actualités p5).

 Si les propos de ce responsable illustrent assez bien la situation, il n’en demeure pas moins que les causes profondes résultent dans la politique du gouvernement canadien rattrapé par son passé colonial.

·         L’héritage d’un passé colonial

En effet, l’Histoire nous apprend par exemple qu’à la faveur de la loi sur les Indiens de 1867, des stratégies d’éducation aussi humiliantes et  avilissantes ont été essayées. Il s’agit entre autres des pensionnats,  la mise en réserves, les réalités des bandes, toutes choses n’ayant pour résultat à long terme de maintenir ce peuple dans l’ignorance.

Si l’éducation est reconnue comme la valeur universelle d’épanouissement, de moyen pour réduire les inégalités sociales, un droit reconnu, sa privation est sans contexte dommageable. L’insuffisance d’éducation ainsi que ces corollaires pourraient constituer la cause de l’itinérance. Il est vrai que la quête d’un bien être peut amener un autochtone à quitter sa bande en destination de la ville mais en dernier lieu, s’il avait une éducation de qualité, il pouvait au moins être compétitif sur le marché du travail. La cause structurelle de l’itinérance autochtone aujourd’hui réside dans l’analphabétisme.

·         La question de la pérennité de la réponse face à la conjoncture et au plan d’austérité financière actuelle.

Tout en saluant les nombreux efforts et particulièrement celles d’organismes de bienfaisances pour réduire les effets de l’itinérance autochtone, il subsiste une question fondamentale : comment asseoir une politique pérenne de réduction progressive de l’itinérance dans la métropole?

 En effet, le paquet de services  offerts à ce public a été regroupé dans le document du RAPSIM (pages 15-24) aux points suivant : les refuges, les maisons d’hébergement, appartements supervisés, logement social avec support communautaire, centre de jour et de soir…N’en déplaise aux initiatives de ce réseau, ce sont là un ensemble de choses attrayantes pour les autres autochtones nourrissants l’ambition de se rendre en ville. Dans un tel cercle vicieux, la contribution même de ces personnes pour la résolution durable finira par disparaître; la majorité préférant se contenter de ce que M. Bowen a dit : « Ils préfèrent faire la fête ici parce que l'accessibilité aux drogues et à l'alcool est moins chère» (24heures, page 5).

Quant au Plan d’action de 1000 unités que présente l’administration municipale la mise en œuvre et son suivi présente tout de même un enjeu capital. Quels seront les effets multiplicateurs de ce projet. Prévoit –il une formation conséquente pour le personnel offrant les services. Comment les autres problèmes reliés à l’itinérance telle que la santé mentale, les drogues, la délinquance seront –ils pris en charge dans ce plans d’action?

Conclusion

La réalité de l’inerrance en général et des autochtones en particulier dans la grande métropole est omniprésente et mérite une attention particulière.  Nous pensons que   les réponses se situent aussi en aval –formation adéquate des autochtones pour accroitre leur compétitivité au marché de travail urbain- mais  aussi en amont par la mise en œuvre des projets structurants. Toutes choses égales par ailleurs, le rôle régalien de  l’État s’avère indéniable que celui des autochtones eux -mêmes. Sur le plan économique, l’itinérance continuerait –t-elle l’image des inégalités sans cesse occasionnées par le développement exponentiel du néolibéralisme. Le projet du Plan Nord entre autres au cœur des débats politiques, pourrait-il relever ces défis pour le bonheur des peuples québécois en général et autochtones en particulier?

À suivre…..

BS

 

Références

Site web Réseau d’Aide aux Personnes Seules et Itinérantes de Montréal http://www.rapsim.org/docs/comprendreLitinerance.pdf

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pensionnat_autochtone_au_Canada

 

 

Commentaires

  • BS...???? faire savoir proftrudel@hotmail.com
    ..pour un si bon sujet ...à déguster !

Les commentaires sont fermés.