Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Résumé de l’introduction du livre Social-démocratie 2.0, le Québec comparé au pays scandinaves

    Le Québec, terre sociale-démocrate en Amérique du Nord, ressemble beaucoup aux pays scandinaves par ses nombreuses politiques sociales, sa main-d’œuvre syndiquée et son niveau de taxation élevé. Cependant, alors que les pays comme le Canada et les États-Unis prenaient le virage néolibéralisme dans les années 1980 pour tenter de répondre à la faible croissance économique, les pays scandinaves, dans la même situation, ont fait le pari de la sociale-démocratie. Leur réforme a été d’une importance capitale : ils ont réussi, mieux que les pays néolibéraux, à maintenir une bonne croissance économique.   

     

    Les résumés de chapitres que nous vous présentons sont issus du livre intitulé Social-démocratie 2.0, paru aux Presses de l’université de Montréal en 2014, sous la direction de Stéphane Paquin et Pier-Luc Lévesque. Cet ouvrage de comparaison entre le Québec et les pays scandinaves a réuni les plus grands spécialistes des deux côtés de l’océan sur des thématiques spécifiques pour cerner où se situe le Québec par rapport à ces pays.

     

    Pour mieux comprendre la démarche des auteurs, il est important de situer ce qu’est la Scandinavie. La péninsule de la Scandinavie englobe la Norvège et la Suède. Dans le langage populaire, on intègre aussi la Finlande, qui partage la frontière avec la Russie, le Danemark plus au sud et les îles d’Island et du Groenland à l’ouest. Les auteurs du livre vont généralement comparer le Québec avec la Finlande, le Danemark et la Suède. La Norvège ne fera pas partie de l’exercice de comparaison parce que la part des revenus des ressources naturelles sur son PIB  est trop élevée, ce qui fausserait les données. Plus précisément, la portion de la Norvège atteint 30% alors que le Canada a en moyenne 11,5%,  le Québec 6,4%,  contre 4,3% pour la Suède, 4,5% pour la Finlande et 6,4% pour le Danemark. L’Islande est aussi exclue de la démarche, car sa population peu élevée (320 000) correspond à la région de l’Estrie, ce qui la rend sans véritable intérêt.

     

    Portrait socio-économique

     

    La Suède, le Danemark et la Finlande possèdent la même tradition religieuse, le luthérianisme (théologie fondée à partir des écrits et des pensées de Martin Luther, qui est une branche du protestantisme, qui est lui-même une branche du christianisme). Ces trois pays ont une culture qui s’appuie  sur des liens anciens et nombreux. Ils sont égalitaires, homogènes et possèdent des institutions politiques stables et comparables malgré le fait que la Suède et le Danemark soient des monarchies, et que la Finlande, une république. Ces pays sont qualifiés de néocorporatismes (qui s’appuient sur des groupes de pression dominants – syndicats, ONG,…) et sont une référence en matière de social-démocratie. De plus, ils ont un taux de syndicalisation parmi les plus élevés dans les pays de l’OCDE, même si on enregistre une baisse depuis 10 ans. En comparaison, la moyenne des pays de l’OCDE est de 17% alors que les trois pays scandinaves atteignent presque les 70%. Au Canada, ce taux tourne autour de 30%, au Québec 40% alors qu’aux États-Unis il s’élève à 11%. De plus, les pays scandinaves possèdent des dépenses publiques et sociales et des niveaux de taxation sur le PIB les plus élevés.

     

    Ces pays scandinaves ont aussi une fiscalité élevée parmi les pays développés, dont le Danemark qui est le pays le plus taxé (en fonction de sa taille et de son économie). En comparaison, selon les données de l’OCDE, les recettes fiscales totales sur le PIB en 2012 était de 48% pour le Danemark, 44 % pour la Suède et la Finlande. En Europe, la France (45%), la Belgique (45%), l’Italie (44%), l’Autriche (43%) et la Norvège (42%) se rapprochent de la fourchette scandinave. Quant au Canada, les recettes fiscales totales représentent 31%, tandis qu’au Québec c’est 38% et un maigre 24% aux États-Unis. Il est important de noter ici que ces données ne tiennent pas compte de l’effort financier réel de la population entre autre dans les dépenses de santé. En ajoutant ces dépenses, le ratio varie peu pour les pays scandinaves et le Canada, mais est très marqué aux États-Unis (35%, le même taux qu’au Canada). Au final, il est essentiel de retenir que les recettes fiscales n’incluent pas les dépenses des citoyens qui paient, en sus des taxes et impôts, des services sociaux  qui sont universels dans certains pays et pas dans d’autres. Par exemple, si la part du privé en éducation était calculée, part qui est nulle en Scandinavie, la hausse serait plus importante au Canada et aux États-Unis.

     

    Avec un taux élevé de recettes fiscales dans les pays scandinaves, il est normal que les dépenses publiques sur le PIB soient des plus importantes. En effet, les données de l’OCDE confirment qu’en 2007 et 2009 (avant et après la crise économique de 2008), les dépenses publiques sur le PIB au Danemark représentaient 51% en 2007 et 58% en 2009. En Suède, c’est 50% en 2007 contre 55% en 2009. En Finlande, c’est respectivement 47% et 56%, alors que pour le Canada c’est 39% et 44% et les États-Unis passent de 37% à 42%. Quant à la moyenne des pays de l’OCDE, elle  passe de 41% à 46%.

     

    À leur tour, les dépenses sociales publiques sur le PIB (vieillesse, survie, incapacité, santé, famille, programmes actifs du marché du travail, chômage, logement et autres domaines de politique sociale – Source : définition des dépenses sociales selon L’OCDE) sont évaluées entre 29% et 31% pour les pays scandinave, la France et l’Italie (28%), à 20% pour les États-Unis, 18% pour le Canada et 22% pour la moyenne des pays de l’OCDE. Les pays scandinaves, avec  la France et l’Italie, sont ceux qui contribuent le plus aux dépenses sociales sur le PIB.

     

    Portrait politique

     

    Vers la fin des années 1970 et le début des années 1980, la croissance économique de la majeure partie des pays de L’OCDE était au ralentie, les taux de chômage en hausse avec une inflation élevée. Devant ce constat, plusieurs pays on choisit l’approche néolibéralisme en matière de politiques publiques en tentant de relancer l’économie par des politiques budgétaires expansionnistes.  Or, ces politiques qui jadis avaient donné de bons résultats, ont plutôt cette fois-ci gonflé les déficits et les dettes publiques. Qui plus est, ces pays ne sont pas parvenus à relancer l’économie, mais ont plutôt fait augmenter l’inflation. De plus, ces plans de relance ont souvent créé une hausse des importations, ce qui a eu pour conséquence de créer ou creuser des soldes commerciaux négatifs.

     

    Le discours de l’époque émis par les théoriciens néolibéraux et monétaristes a répandu l’idée tant au niveau de la recherche universitaire que dans l’espace public, que les pays qui taxent beaucoup, qui ont un taux de syndicalisation élevé et qui ont des dépenses publiques importantes sont économiquement moins performantes. Les pays scandinaves ont démontré le contraire en ayant des programmes sociaux très généreux, une main d’œuvre très syndiquée et des dépenses publiques élevées. La hausse de la croissance économique est réelle et elle dépasse les pays néolibéraux comme les États-Unis ou le Canada. En effet, durant  la période de 1981 à 2011, période à laquelle correspond le virage néolibéral (30 ans), la croissance annuelle moyenne du PIB par habitant se situe à 1,94% pour la Finlande, 1,84% pour la Suède et 1,51% pour le Danemark. Ces résultats dépassent ceux du Canada (1,38%), du Québec (1,30%) et même des États-Unis (1,66%).  Ainsi, les pays scandinaves ont réussi à maintenir une bonne croissance économique tout en étant moins inégalitaires que les pays de l’OCDE puisque selon l’indicateur Gini, qui mesure les inégalités de revenus au sein d’un pays, les pays scandinaves obtiennent les plus bas taux. Les auteurs affirment que l’âge d’or du keynésianisme, tire à sa fin, cette école de pensée qui dit que les « marchés laissés à eux-mêmes ne conduisent pas forcément à l'optimum économique ». – Wikipédia.

     

    Dans les années à venir, le Québec devra faire des choix difficiles en raison du vieillissement et des finances publiques. Les chapitres traités dans ce livre permettront d’analyser les enjeux économiques et sociaux du Québec et des pays scandinaves, tout en abordant de nombreux sujets d’importance pour le Québec. Ces  sujets permettront de s’inspirer des réformes issues des meilleurs pays et dicteront des façons de faire pour s’éloigner de la pensée du court terme.

     

    PAQUIN, S.et LÉVESQUE P-L (2014). Social-démocratie 2.0 : Le Québec comparé aux pays scandinaves, Québec, Presses de l’université de Montréal, pages 15 à 20